Comment le centre logistique VIRTUO détruit le fret ferroviaire à Vierzon

Le développement du fret ferroviaire en remplacement du transport routier des marchandises est aujourd’hui une solution crédible pour réduire les émissions de gaz a effet de serre et ainsi agir efficacement contre le réchauffement climatique.

Vierzon particulièrement bien placé pour cela avec sa gare de triage devrait être au centre de cette relance du fret. Il n’en est rien. Plus grave le projet de centre logistique géant au nord de Vierzon va accélérer le déclin du rail pour les raisons exposées ci-dessous :

Dans un court article parfaitement documenté extrait du site « le vent se lève » intitulé la longue agonie du fret ferroviaire téléchargeable sur https://lvsl.fr/la-longue-agonie-du-fret-ferroviaire/, on constate que :

- un train électrifié émet 2 grammes/ kmCO² contre 196 grammes/ km CO² pour un semi remorque de 32 tonnes et 982 grammes/ km CO² pour un véhicule utilitaire !

- le fret ferroviaire est moins couteux sur les longues distances que le transport par route (un kilomètre coûte 1,20 € pour un poids lourd contre 0,51 € pour un train de marchandises).

- le transport ferroviaire des marchandises est plus vertueux pour l’aménagement du territoire car il permet d’irriguer des Régions mal desservies par la route.

Pourtant le fret ferroviaire hier florissant est en France une filière sinistrée, la pire en Europe. Alors que le transport ferroviaire représente 18% du trafic marchandise en Europe il n’est que de 9% en France.

Le déclin du fret amorcé depuis les années 80, accéléré en début 2000 a mis sur les routes de France 1,8 millions de camions français et étrangers ! la part de ces derniers ainsi que des 5 millions de véhicules utilitaires dans les émissions de gaz à effet de serre produits par le transport routier est de 41% alors qu'ils ne représentent que 12 % des véhicules circulant en France……

Alors a qui la faute ?

Au statut des cheminots, leur départ précoce à la retraite, les grèves ?

Et bien non, les deux causes principales sont à rechercher ailleurs :

- d’abord par l’application des règlements européens exigeant le démantèlement et la privatisation du fret, limitant drastiquement la possibilité donnée aux Etats d'investir en faveur du rail. Et cela avec la bénédiction des différents gouvernements français depuis 1990.

Au vu de son résultat final, la « politique » européenne des transports, comme celle l’énergie ou de la santé d’ailleurs, est un échec cuisant. Ce résultat pitoyable invalide la libéralisation du rail et une philosophie qui applique aux pays européens les mêmes pseudo réformes libérales au mépris des spécificités des systèmes nationaux de transport et de toute efficacité économique et environnementale.

- ensuite dans la concurrence de la route. Le transport routier représente d’immenses avantages car il bénéfice d’un réseau de voies très denses payées par les contribuables – et non par les transporteurs et les donneurs d’ordre -. La branche du transport et de la logistique fait un usage massif du travail détaché – autre invention du non «droit» social européen - qui permet d’employer de véritables galériens de la route travaillant plus de 80 heures par semaine pour des salaires parfois inférieurs de moitié au smic.

Tous les élus, et en premier lieu les élus locaux sensés nous protéger de la destruction de notre cadre de vie portent une lourde responsabilité dans ce processus en encourageant le développement des centres logistiques, des rond points, parkings à camions, en subventionnant massivement et sans contreparties les entreprises du secteur par exemple….

Le projet de centre logistique à Vierzon découle de cette logique de dérégulation du secteur des transports, de démolition du fret ferroviaire et d’exploitation massive d’une main d’œuvre corvéable et précarisée.

On ne peut reprocher au triumvirat DUMON/SANSU/FOURNIE promoteurs du projet d’avoir libéralisé le système mais ils portent une autre responsabilité. En autorisant la construction de ce hangar logistique géant, ils ouvrent la porte à l’envahissement de notre ville par le délire du tout camion ainsi que la fin du fret ferroviaire à Vierzon.

Leurs actes les conduisent à remplacer le triage et la culture du travail des cheminots par un centre logistique, lieu d’exploitation ne produisant rien d’autres que des nuisances et de la souffrances pour les salariés précarisés et surexploités qui y travaillent. Ils donnent un coup d’accélérateur à l’agonie du triage car ce hangar logistique ne peut pas y être raccordé, se situant à 66 mètres au-dessus de la gare ferroviaire.

Pour notre part, l’association « hangars tout camion c’est non » voit dans la promotion du fret ferroviaire à Vierzon et de la création d’emplois de cheminots stables et correctement rémunérés non pas une rêverie nostalgique, mais un motif d’espoir et une réponse réellement efficace pour affronter le défi environnemental et économique qui s’ouvre.

C’est le sens de notre opposition à ce projet de centre logistique qui en est la négation et de notre action pour rechercher dans notre ville des alternatives économiques respectueuses des hommes et de femmes de notre ville et de ses environs.