Les salariés dans l’enfer de la logistique : l’exemple d’Amazone

Aux Etats unis une enquête révèle l’enfer vécu par les salariés des entrepôts d'Amazone. Bien sûr, rien à voir avec ce qui se passe en France nous dira-t-on. Certes, mais on s’en rapproche un peu plus chaque jour. De quoi faire réfléchir, espérons le, une partie de ceux qui ont soutenu - sans toujours mesurer la portée de leur acte - le projet de centre logistique géant à Vierzon lors de l'enquête publique.

Le projet qu’ils soutiennent aura en effet des conséquences réelles et néfastes pour ceux qui y travaillent. Il est donc encore temps de réfléchir à d’autres choix économiques locaux plus respectueux de la vie et de la santé des vierzonnais. en commençant par la mise au rebut de ce projet fou de plateforme logistique géante….

AMAZON ou le nouvel esclavage moderne.

Dans un article paru le 16 juin sur le très sérieux site « les crises »

un rapport révèle que « Le bilan abyssal d’Amazon en matière de santé et de sécurité n’est pas un accident ».

Dans une entreprise ou le travail des salariés est intégralement piloté par des algorithmes, ces derniers repèrent la moindre faille « des agents humains », rappellent à l’ordre les salariés trop lents allant jusqu’à les licencier !

Les salariés américains étant sans protection sociale et ne bénéficiant pas d'un droit du travail national protecteur des abus des employeurs, le résultat est sans appel. Les salariés travaillent littéralement comme des fous au risque de leur santé. Ainsi «au cours des quatre années pour lesquelles des données sont disponibles, le pourcentage d’accidents dans les entrepôts Amazon est nettement plus élevé que celui des employeurs non-Amazon dans le secteur général des entrepôts ».

Derrière ces chiffres, déjà calamiteux, se cachent des réalités plus sordides encore. Chez Amazone les employés vont ainsi jusqu’à déféquer dans des sacs pour éviter d’être licenciés par les algorithmes pendant que leur ancien patron, Jeff BEZOS, se balade dans l’espace pour la modique somme de 250 millions de dollars…...

En France, la logistique sur la mauvaise pente économique et sociale

Plusieurs post sur ce site montrent la dégradation accélérée des conditions de travail dans les centres logistiques depuis 15 ans en France. Ce secteur est connu pour offrir de faibles rémunérations et d'être l'un des plus dangereux pour la santé des salariés.

Fait aggravant, le filet de sécurité constitué par le code du travail disparaît à la suite des réformes des différents gouvernements – loi macron de 2015, loi el Khomri de 2016, réformes Macron de 2018 et de l’assurance chômage de 2021 – qui en ont vidé son caractère protecteur.

Cette situation livre un peu plus les salariés des centres logistiques à l’arbitraire des employeurs qui s’embarrassent de moins en moins de considérations sur la santé des travailleurs qu'ils emploient comme l’a montré le reportage d’Elise LUCET «entrepôts, un univers impitoyable» diffusé le 28 janvier 2021 sur France 2 .

A Vierzon le centre logistique, cheval de Troie de l’esclavage moderne : offrir d’autres perspectives

Le projet de centre logistique vierzonnais est donc bien le cheval de Troie de l’esclavage moderne qui va désormais se pratiquer à grande échelle dans notre ville.

Car avant d’être une hypothétique source d’emplois – à ce jour aucun chiffre sérieux n’est communiqué et aucunes entreprises annoncées – ce centre logistique sera d'abord un lieu de non droit social, de précarité et de bas salaires. Les gesticulations et déclarations des élus locaux promoteurs du projet ne changeront pas cette réalité….

Mais l’opposition à la réalisation de ce centre logistique, aujourd’hui multiforme, est dans ce contexte un motif d’espoir.

Les contributions à l’enquête publique ont montré la détermination des opposants et leurs capacités à proposer d’autres solutions d’emplois locaux– emplois verts, emplois dans le secteur de la santé et du soin, réponses aux besoins en métiers techniques, soutien accru aux artisans et autoentrepreneurs…-

Au regard de la réalité de ce secteur et du vécu infernal des salariés qui y travaillent cette opposition se justifie également en soi. Elle érode la bonne conscience des un ou bien révèle le cynisme d'autres qui soutiennent ce projet. Elle entretien surtout en chacun la soif de justice face à la culture de la résignation revendiquée par les promoteurs de ce projet et aux profiteurs qui s' imaginent déjà exploiter une main d'œuvre corvéable que l'on peut maltraiter à sa guise.